Depuis près de 40 ans, la Baie de Morlaix connaît annuellement un cycle de croissance des algues vertes, en particulier au printemps. Ce phénomène est lié à l’eutrophisation du milieu qui est en fait l’excès d’éléments nutritifs dans le milieu. En l’occurrence, c’est l’apport excessif en nitrates et/ou phosphates qui déséquilibre l’écosystème.

En soi, les algues vertes sont des espèces naturelles et régulées naturellement. C’est la surabondance des espèces d’algues vertes qui peut poser problème.

Une modification des pratiques ostréicoles

Il y a 50 ans, le dragage des huîtres ne nécessitait aucune préparation particulière des parcs car aucune algue verte n’était présente. Aujourd’hui, un travail préalable de hersage (« ratissage ») est nécessaire pour enlever les algues des parcs avant de récupérer les huîtres.

Depuis 5 ans, la prolifération des algues vertes est constatée par les ostréiculteurs en Baie, à la fois par la période de présence qui s’étend l’été et la surface touchée, en particulier sur les parcs les plus profonds. Elle impacte particulièrement les ostréiculteurs qui continuent de pratiquer l’élevage au sol (voir article « L’Huître de sol - Un savoir-faire traditionnel et respectueux de l’environnement »). Ces algues vertes vont recouvrir les huîtres au sol et constituer une couche de matière que les mouvements de mer (vent ou courant) ne pourront plus déplacer.

La surabondance d’algues vertes devient problématique dans la phase de décomposition des algues. Le processus de putréfaction va en effet faire monter en température et tuer toute vie sous elle, notamment les huîtres mais également tout l’écosystème (crustacés, gastéropodes, autres mollusques et les autres algues).

Quelles solutions face à la mortalité des huîtres ?

Pour empêcher ce phénomène risquant de provoquer une mortalité des huîtres allant jusqu’à 100%, notamment sur les plus petites huîtres (naissain), nous devons herser (« ratisser ») les algues pour les remettre en suspension dans l’eau pour que leur décomposition soit mieux gérée par la mer.

Cette activité de hersage, normalement limitée aux périodes de pousse des huîtres pour assurer une forme et un espacement des huîtres, devient très fréquente dans la période de prolifération des algues.

Au-delà de la surcharge de travail et l’impact économique sur les entreprises ostréicoles que ce phénomène génère, il est surtout révélateur d’un déséquilibre de l’écosystème et d’une dégradation de sa biodiversité. 

L’ostréiculture est un des derniers métiers où l’homme n’apporte rien à la nature (ni nourriture, ni médicament, ni autre intrant) si ce n’est son travail. 

Pour le moment, il n’est donc pas envisageable pour les ostréiculteurs de chercher des solutions autres que manuelles pour traiter le phénomène. Par conséquent, la seule bonne solution est de bien comprendre ce phénomène en mobilisant les compétences scientifiques nécessaires pour en traiter efficacement les causes.